
Le vin et l’Empire Romain
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Le vin occupait une place essentielle dans la culture et la société romaines, tant sur le plan religieux que social. Héritiers des Grecs, les Romains développèrent une véritable civilisation du vin, façonnant ses usages et sa production à travers leur empire.
UN BREUVAGE DIVIN ET CULTUREL
Dionysos, le dieu grec du vin, fut adopté par les Romains sous le nom de Bacchus. Son culte, malgré les tentatives d’interdiction par les empereurs, se propagea parmi les classes populaires, les femmes et les esclaves. Avec l’essor du christianisme, le vin conserva son importance symbolique, devenant un élément central de l’eucharistie, garantissant ainsi sa pérennité même après la chute de l’Empire.
Les banquets romains, qu’il s’agisse des grandes célébrations ou des repas quotidiens, intégraient systématiquement le vin. Contrairement aux Grecs qui dissociaient sa consommation des repas, les Romains l’accompagnaient d’aliments, du premier au dernier service. Le vin était cependant toujours coupé d’eau, car boire du vin pur était perçu comme une pratique barbare, indigne d’un citoyen romain.
UN MARQUEUR SOCIAL ET UNE VARIETE DE SAVEURS
Les Romains buvaient beaucoup, entre 0,7 et 1 litre par jour selon certaines estimations, en raison de ses vertus antiseptiques qui permettaient de désinfecter une eau souvent insalubre. Toutefois, l’ivresse était mal perçue et jugée comme un vice.
Les vins romains étaient très variés. Ils pouvaient être blancs, rouges ou ambrés, vieillis ou jeunes, et souvent aromatisés avec du miel, des herbes ou des épices. Les meilleurs crus provenaient de certaines régions renommées comme la Campanie. Le vin de Falerne était particulièrement prisé et certains millésimes, comme celui d’Opimius (121 av. J.-C.), resteront célèbres durant plusieurs siècles. Cependant, la qualité des vins était très inégale : les élites dégustaient des vins raffinés tandis que les esclaves et soldats se contentaient de boissons plus rustiques comme la « posca », mélange de vinaigre et d’eau.
UNE PRODUCTION ET UNE CONSERVATION UNIQUES
Les Romains innovèrent en matière de vinification. Ils utilisaient de grandes jarres en terre cuite, pour la fermentation et le stockage du vin. L’absence de techniques modernes de conservation entraînait une grande variabilité de qualité et une oxydation fréquente, rapprochant certains vins romains des vins jaunes du Jura d’aujourd’hui.
Les vignobles s’étendaient bien au-delà de l’Italie. Le vin romain était exporté et consommé dans tout l’Empire, des Gaules jusqu’en Afrique du Nord. Certaines parcelles viticoles utilisées aujourd’hui en France et en Espagne datent d’ailleurs de cette époque.
LE VIN, ENTRE MEDECINE ET RELIGION
Le vin jouait aussi un rôle fondamental dans les pratiques religieuses romaines. Il était offert aux dieux lors de cérémonies et figurait parmi les éléments sacrés des rituels.
En médecine, les auteurs antiques comme Hippocrate et Galien louaient ses bienfaits. Il était prescrit pour soigner divers maux, souvent associé à des plantes médicinales. Le vin était assimilé au sang, renforçant son rôle dans les traitements médicaux.
UN HERITAGE TOUJOURS VIVANT
L’héritage romain dans le domaine du vin perdure encore aujourd’hui. Des techniques anciennes, comme l’élevage en amphore, connaissent un renouveau. Certains vins naturels rappellent les saveurs et les pratiques viticoles de l’époque antique. Ainsi, loin d’avoir disparu, l’art du vin romain continue d’inspirer nos pratiques contemporaines.